Renault rodéo : histoire, caractéristiques et anecdotes sur l’icône du loisir en 2025

La genèse d’une rivale : quand Renault défie la Méhari sur son propre terrain

Lorsqu’on évoque la Renault Rodéo, impossible de ne pas la replacer dans son contexte initial : une réponse directe et audacieuse à la Citroën Méhari. Au tournant des années 1970, le marché du véhicule de loisir est en pleine ébullition. Renault, souhaitant offrir une alternative à la « baignoire à roulettes » de son concurrent, s’associe aux Ateliers de Construction du Livradois (ACL), dirigés par l’ingénieux Raoul Teilhol. Ce partenariat donne naissance à une automobile vintage qui, bien que vivant parfois dans l’ombre de sa rivale aux chevrons, possède une histoire riche et singulière. Contrairement à la Méhari et sa carrosserie en ABS, la Rodéo opte pour du polyester stratifié, un choix technique qui lui confère une rigidité différente et une résistance accrue aux petits chocs du quotidien.

L’objectif était clair : proposer un véhicule rustique, capable de passer partout, tout en utilisant une banque d’organes éprouvée. La base choisie est celle de la R4 fourgonnette pour la Rodéo 4, garantissant une facilité d’entretien qui séduit encore les mécaniciens en 2025. C’est cette simplicité biblique qui permet à ces modèles de traverser les décennies.

Voici un aperçu des différentes déclinaisons de carrosseries proposées par ACL, montrant la polyvalence de ce design Renault utilitaire :

* 🚧 Chantier : Une version dépouillée où seul le poste de conduite est recouvert d’une capote, idéale pour les travaux agricoles.
* 🌊 Évasion : Le modèle entièrement décapoté, symbole de la liberté et des balades en bord de mer.
* 📦 Coursière : Dotée d’un toit totalement capoté pour protéger le chargement.
* 🛠️ Artisanale : Entièrement fermée avec des vitres latérales et deux portes, pour un usage plus conventionnel.
* 🌦️ Quatre saisons : La version la plus aboutie, offrant 4 places et une fermeture complète pour rouler toute l’année.

Pour mieux comprendre la distinction entre les premières générations qui ont forgé la légende, il est crucial d’analyser leurs spécificités techniques respectives.

L’ère de la maturité et le renouveau avec la Rodéo 5

Au début des années 80, le concept s’essouffle quelque peu, mais le constructeur au losange ne jette pas l’éponge. En 1981, apparaît la Rodéo 5, un modèle qui marque une rupture stylistique nette et tente de moderniser l’image de la voiture tout-terrain légère. Plus compacte, plus anguleuse, elle abandonne les rondeurs des décennies précédentes pour un look résolument ancré dans son époque. Conçue sur la base de la Renault 4 GTL, elle bénéficie d’un châssis raccourci qui la rend particulièrement agile sur les chemins escarpés. C’est souvent ce modèle que les collectionneurs redécouvrent aujourd’hui, appréciant son côté « jouet grandeur nature ».

Cette génération est assemblée par la société Teilhol (nouvelle dénomination d’ACL). Elle se distingue par une approche plus sécurisante et une carrosserie qui, bien que toujours en composite, adopte des panneaux latéraux de protection plus marqués. C’est une véritable icône des années 70 qui a su muter pour survivre dans les années 80, offrant une expérience de conduite brute mais attachante.

Parmi les anecdotes savoureuses, on note l’existence de séries limitées qui sont aujourd’hui le Graal des passionnés de culture automobile :

* 🐃 Série Hoggar (1984) : Reconnaissable à son pare-buffle et sa roue de secours apparente, elle jouait la carte de l’aventure africaine.
* 🎨 Palette de couleurs : Des teintes vives (orange, vert tilleul) qui tranchent avec la grisaille automobile actuelle.
* 🔄 Inversion du nom : À partir de ce modèle, on parle officiellement de « Rodéo 5 » (chiffre après le nom), contrairement aux « Renault 4 Rodéo » précédentes.

Le tableau suivant illustre les dimensions compactes de cette dernière itération, un atout majeur pour le franchissement et le stationnement urbain.

Mécanique et entretien : préserver le patrimoine en 2025

Pour un mécanicien passionné de youngtimers, soulever le capot d’une Rodéo est un retour aux sources rafraîchissant. Pas d’électronique complexe, pas de valise de diagnostic nécessaire. Nous sommes face au célèbre moteur « Cléon-Fonte », un bloc 4 cylindres réputé increvable s’il est entretenu avec un minimum de rigueur. Les caractéristiques mécaniques sont modestes – la puissance varie de 34 à 47 chevaux selon les versions – mais le rapport poids/puissance et la boîte de vitesses courte permettent des escapades surprenantes hors des sentiers battus.

Le véritable ennemi de la Rodéo n’est pas la panne moteur, mais la corrosion du châssis. Si la carrosserie en plastique ne rouille pas, la plateforme en acier (dérivée des R4 et R6) est, elle, très sensible à l’humidité, surtout aux points d’ancrage des bras de suspension arrière. La restauration de ces véhicules demande donc souvent de désolidariser la coque du châssis pour traiter les soubassements, une opération lourde mais essentielle pour la sauvegarde de ce patrimoine.

Pour maintenir ces véhicules en état de collection, voici les points de vigilance absolus à surveiller lors d’un achat ou d’une restauration :

* 🔧 Le châssis : Vérifier les longerons et le plancher, souvent attaqués par la rouille perforante.
* ⚡ Le circuit électrique : Souvent oxydé par l’exposition aux éléments (c’est une découvrable !), les masses sont capricieuses.
* 🧴 La carrosserie : Le polyester vieillit et peut se fissurer ou se faïencer aux points de contrainte.
* ⚙️ La transmission Sinpar : Si le modèle est équipé du kit 4×4 (très recherché), vérifier l’état du pont arrière et de l’arbre de transmission.

Récapitulatif des motorisations qui ont animé la gamme, prouvant que la performance pure n’était pas la priorité face à la fiabilité :

Quelle est la différence principale entre une Renault Rodéo et une Citroën Méhari ?

La différence majeure réside dans le matériau de la carrosserie et le châssis. La Méhari utilise de l’ABS (plastique thermoformé) sur un châssis de 2CV, tandis que la Rodéo utilise du polyester stratifié (fibre de verre et résine) sur un châssis de Renault 4 ou 6, ce qui rend sa carrosserie plus rigide et moins sujette aux cassures nettes en cas de froid.

Peut-on encore trouver des pièces pour restaurer une Rodéo en 2025 ?

Oui, la mécanique étant commune avec les Renault 4, 5 et 6, les pièces moteur et châssis sont très faciles à trouver chez les spécialistes. En revanche, les éléments spécifiques de carrosserie, la sellerie ou les capotes d’origine sont devenus rares et nécessitent souvent de se tourner vers des refabrications spécialisées ou le marché de l’occasion.

La Rodéo existe-t-elle en version 4×4 ?

Absolument. De nombreuses Rodéo 4 et 6 ont été équipées par la société SINPAR d’une transmission intégrale en option. Ces versions 4 roues motrices sont aujourd’hui les plus cotées et les plus recherchées par les collectionneurs pour leurs capacités de franchissement étonnantes.

Combien coûte une Renault Rodéo sur le marché de la collection ?

La cote est très variable selon l’état et le modèle. En 2025, un modèle à restaurer peut se trouver autour de 2 500 à 4 000 euros, tandis qu’une belle Rodéo 5 ou une rare version Sinpar en parfait état peut dépasser les 12 000 voire 15 000 euros.

Theo lemoine

Théo adore expliquer simplement des choses compliquées. Quand il ne retape pas une Golf GTI, il écrit pour transmettre ses astuces avec clarté. Il aime faire comprendre le « pourquoi du comment », sans jargon, avec passion et précision.