Restauration
Simca vedette : histoire, modèles et anecdotes sur une icône de l’automobile française
L’épopée de la Simca Vedette : le mariage réussi de l’Amérique et de l’élégance tricolore
Dans le vaste panorama de l’histoire automobile, peu de véhicules incarnent aussi bien le basculement d’une époque que la Simca Vedette. Née au milieu des années 50, cette berline statutaire représente une anomalie fascinante : une voiture conçue par Ford, adoptée par Simca, et propulsée par un V8 au ronronnement inimitable. C’est une période où la route s’ouvrait vers la modernité, où le chromé était roi et où l’industrie française cherchait à rivaliser avec le confort d’outre-Atlantique. Pour les passionnés qui arpentent les bourses d’échange ou qui lisent nos dossiers sur l’histoire de la Simca Ariane, la Vedette reste ce graal accessible, symbole de réussite sociale.
Comprendre la Vedette, c’est plonger dans une aventure industrielle complexe. En rachetant Ford SAF (Société Anonyme Française) en 1954, Henri Pigozzi, le patron visionnaire de Simca, ne récupère pas seulement l’usine ultra-moderne de Poissy. Il hérite d’un nouveau modèle prêt à être lancé, qui deviendra le dernier grand vaisseau amiral français à moteur 8 cylindres. C’est cette genèse particulière qui confère à la Simca Vedette son caractère hybride, mêlant la robustesse mécanique américaine au raffinement stylistique latin.

Genèse d’une star : de Ford à Simca
Le lancement de la Vedette coïncide avec une période charnière. Alors que la Citroën Traction tire sa révérence et que la DS s’apprête à révolutionner le monde, Simca propose une alternative plus conventionnelle mais terriblement séduisante. La gamme initiale, présentée sous le blason Ford puis rapidement rebadgée, s’articule autour de noms évocateurs de l’Ancien Régime, soulignant le prestige du véhicule. Ce positionnement marketing était audacieux pour une automobile française d’après-guerre.
Les raisons qui ont poussé Simca à maintenir et développer cette gamme sont multiples :
- 🏭 L’outil industriel : L’usine de Poissy était dimensionnée pour de grands volumes.
- 📈 La montée en gamme : Simca avait besoin d’un véhicule haut de gamme pour compléter son offre face à Peugeot et Renault.
- 🇺🇸 L’attrait du V8 : Ce moteur, bien que de conception ancienne (soupapes latérales), offrait une souplesse et un silence de fonctionnement très appréciés.
- ✨ Le style : Une carrosserie ponton moderne offrant une excellente visibilité (301 degrés de champ de vision).
| Année | Événement Clé | Impact sur la gamme |
|---|---|---|
| 1954 | Rachat de Ford SAF par Simca | La Vedette devient une Simca (d’abord « Simca-Ford »). |
| 1955 | Lancement officiel sous marque Simca | Apparition des modèles Trianon, Versailles et Régence. |
| 1957 | Restylage et modernisation | Passage en 12 Volts et nouveaux feux arrière « rubis ». |
Les modèles Vedette de première génération : Trianon, Versailles et Régence
La première série, produite de 1955 à 1957, se décline en trois niveaux de finition distincts. Cette segmentation permettait de toucher une clientèle variée, du représentant de commerce au notable de province. La Simca Vedette 1950s se reconnait à sa ligne fluide et, pour les modèles supérieurs, à ses peintures bicolores qui font aujourd’hui le bonheur des collectionneurs. Si vous envisagez un achat, il est crucial de bien différencier ces versions, un peu comme on le ferait avant de se décider pour un achat de Simca Ariane en 2025, sa petite sœur économique.
La Trianon représentait l’entrée de gamme. Souvent monochrome, dépouillée de chromes excessifs, elle misait sur l’essentiel. À l’opposé, la Régence incarnait le luxe absolu avec ses pneus à flancs blancs, ses enjoliveurs à rayons et son intérieur soigné comprenant la radio de série, un raffinement rare à l’époque. Entre les deux, la Versailles assurait le gros des ventes, offrant le meilleur compromis équipement/prix. Ces distinctions sont essentielles pour évaluer la cote actuelle d’une voiture vintage de cette famille.
Voici les signes distinctifs pour reconnaitre ces modèles Vedette au premier coup d’œil :
- 🚗 Trianon : Peinture unie, intérieurs simples, pas de butoirs de pare-chocs.
- 🚙 Versailles : Toit de couleur différente (bicolore simple), feux antibrouillards, phares de recul.
- 👑 Régence : Découpe de peinture bicolore complexe (latérale), intérieur drap et similicuir de haute qualité, accoudoirs centraux.
| Modèle | Positionnement | Détail « Chic » |
|---|---|---|
| Trianon | Populaire / Accès | La fiabilité du V8 à prix contenu |
| Versailles | Cœur de gamme | Le toit contrasté très « mode » |
| Régence | Prestige | Les fameux enjoliveurs à rayons |
| Marly | Break de chasse | Le hayon en deux parties et l’espace immense |
Sous le capot : le chant du cygne du V8 à soupapes latérales
Le cœur battant de la Simca Vedette est sans conteste son moteur V8 « Aquilon ». D’une cylindrée de 2 351 cm³, ce bloc est une évolution du fameux V8 « Flathead » de Ford, apparu aux États-Unis dans les années 30. En 2025, alors que nous redécouvrons les charmes de la mécanique ancienne, ce moteur surprend par son onctuosité. Il ne s’agit pas d’un monstre de puissance (80 chevaux SAE, soit environ une soixantaine de chevaux DIN), mais son couple et sa sonorité feutrée procurent un agrément de conduite unique, bien différent de celui des 4 cylindres nerveux comme celui de la Peugeot 104 ZL qui arrivera bien plus tard.
Techniquement, la voiture innovait sur d’autres points. Elle fut la première voiture française de grande série à adopter la suspension avant de type MacPherson, une technologie qui deviendra la norme mondiale des décennies plus tard. Cette suspension offrait à la Vedette un comportement routier sain, bien que souple, typique des standards de confort de l’époque. Les anecdotes Simca racontent souvent que les ingénieurs de Poissy ont réussi à « européaniser » le comportement d’une base châssis pourtant très américaine.
Caractéristiques techniques clés
- ⚙️ Moteur : 8 cylindres en V à 90°, soupapes latérales.
- 🔋 Électricité : Passage bénéfique de 6V à 12V pour les modèles 1957.
- 🕹️ Transmission : Boîte 3 vitesses (1ère non synchronisée) avec commande au volant. Option « Rush-Matic » (surmultipliée) sur les modèles ultérieurs.
- 🛑 Freinage : Tambours hydrauliques sur les 4 roues, demandant une anticipation certaine dans la circulation actuelle.
| Donnée Technique | Valeur (Modèle 1957) |
|---|---|
| Cylindrée | 2 351 cm³ |
| Puissance | 80 ch à 4 400 tr/min |
| Vitesse maximale | 140 km/h (optimiste !) |
| Consommation moyenne | 12 à 15 Litres / 100 km |
L’ère Chambord et Présidence : l’apogée du style transatlantique
À partir de 1958, la gamme Vedette fait peau neuve. Exit Trianon et Versailles, place aux Beaulieu et Chambord. Le style s’americanise encore davantage avec des ailerons proéminents à l’arrière, rappelant les créations de Detroit. La Chambord devient l’icône de cette génération, souvent associée dans l’imaginaire collectif aux voitures officielles ou aux taxis parisiens de luxe. C’est l’époque où le design automobile français n’avait pas peur de l’exubérance.
Le sommet de la gamme est occupé par la Présidence. Avec sa roue de secours continentale à l’arrière (kit continental), ses finitions noires laquées et son équipement pléthorique, elle visait les ministères et les grands patrons. Le Général de Gaulle lui-même a utilisé des Présidence rallongées et décapotables pour ses parades officielles, ancrant définitivement ce modèle dans les classiques françaises. C’est une voiture qui, aujourd’hui encore, impose le respect sur la route et dans les rassemblements de voitures de collection prévus pour 2026.
L’évolution de la gamme « Série Marly » (2ème génération) apporte :
- 📏 Allongement : La voiture gagne en longueur, accentuant l’effet statutaire.
- 🚀 Ailerons : Des ailes arrière effilées intégrant de grands feux verticaux.
- 💎 Intérieur : Tableau de bord « Vistadome » avec compteur de vitesse linéaire typique des années 60.
- 🔧 Mécanique : Puissance portée à 84 ch grâce à une augmentation du taux de compression.
| Modèle (Gen 2) | Production totale (approx.) | Caractéristique unique |
|---|---|---|
| Beaulieu | Milieu de gamme | Succède à la Versailles |
| Chambord | Plus populaire | Bicolore systématique, chromes abondants |
| Présidence | Très limitée | Souvent noire, séparation chauffeur (option) |
| Marly 2 | Break | Le break de luxe par excellence |
Collectionner une Simca Vedette en 2025 : passion et raison
Aujourd’hui, acquérir une Simca Vedette est un choix de connaisseur. La collection automobile s’est diversifiée, mais le charme du V8 français reste intact. Si la production totale a dépassé les 160 000 exemplaires, les survivantes en bel état se raréfient (on estime à environ 650 le nombre de survivantes roulantes en France). Les prix ont tendance à grimper doucement mais sûrement, la Vedette bénéficiant de l’engouement pour les années 50/60. C’est une voiture qui demande une attention particulière, notamment pour trouver des pièces spécifiques de carrosserie ou d’accastillage.
Pour l’entretien, bien que le moteur soit robuste, le système de refroidissement est son talon d’Achille. Il est impératif de vérifier l’état des deux pompes à eau (une par banc de cylindres). Rejoindre un club ou visiter des événements comme le marché mensuel de Fos-sur-Mer peut être une excellente façon de dénicher la perle rare ou les pièces manquantes. N’oubliez pas que la corrosion est l’ennemi numéro un de ces structures monocoques.
Conseils d’achat pour futur propriétaire
- 🔍 Châssis : Inspectez les longerons et les bas de caisse, la monocoque ne pardonne pas la rouille perforante.
- 🌡️ Chauffe : Le V8 chauffe vite. Un radiateur entartré est fatal.
- 🎨 Conformité : Vérifiez que les combinaisons de couleurs correspondent à l’année et au modèle (ex: pas de bicolore sur une Trianon d’origine).
- 💰 Budget : Comptez entre 13 000 € pour un modèle à restaurer et plus de 45 000 € pour une Présidence en état concours.
| État du véhicule | Estimation Prix (2025) | Tendance |
|---|---|---|
| À restaurer (complète) | 5 000 € – 8 000 € | Stable |
| Bon état (roulante) | 15 000 € – 22 000 € | En hausse ↗️ |
| État Concours (Trianon/Versailles) | 25 000 € – 30 000 € | Forte demande |
| Raretés (Présidence/Marly) | 40 000 € + | Investissement |
La Simca Vedette n’est pas seulement une voiture, c’est un témoin d’une époque où l’optimisme se traduisait par des chromes rutilants et des moteurs nobles. La préserver, c’est maintenir vivant un pan entier de notre patrimoine industriel.
Quelle est la consommation réelle d’une Simca Vedette ?
Il faut être réaliste avec ce V8 de conception ancienne. En usage mixte et avec un réglage carburateur optimal, comptez entre 12 et 15 litres aux 100 km. Cela peut monter à 18 litres en ville ou en conduite soutenue.
Peut-on rouler au sans-plomb avec une Simca Vedette ?
Les sièges de soupapes de ces moteurs en fonte sont assez résistants, mais il est souvent conseillé d’utiliser un additif substitut de plomb par précaution, ou mieux, de faire rectifier les sièges de soupapes lors d’une réfection moteur pour rouler au SP98 sans souci.
Quelle est la différence entre une Versailles et une Chambord ?
C’est principalement une question de génération. La Versailles appartient à la première génération (1955-1957) avec un style plus rond, tandis que la Chambord est le modèle phare de la seconde génération (1958-1961), reconnaissable à ses ailerons arrière plus marqués et sa longueur accrue.
Les pièces détachées sont-elles faciles à trouver ?
Pour la mécanique (moteur V8, freins), les pièces sont relativement disponibles car partagées avec d’autres modèles Ford ou Simca utilitaires (Cargo). En revanche, la carrosserie, les vitrages spécifiques et les éléments décoratifs (baguettes, logos) sont devenus très difficiles à dénicher.
Journaliste automobile depuis 20 ans, ancien chroniqueur pour Auto-Rétro, passionné de mécanique et de storytelling.
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