La Renault Ondine : Le Charme des Années 1961-1963

Évolution du Design et Stratégie de la Renault Ondine de 1961 à 1963

Lorsqu’on évoque la Renault Ondine, on plonge instantanément dans l’atmosphère bouillonnante du début des années soixante. À cette époque, l’automobile française connaît une révolution : la sobriété et la robustesse de l’après-guerre laissent place à un désir croissant de raffinement et de personnalisation. Le constructeur de Billancourt, après avoir marqué les esprits avec la Dauphine, souhaite apporter une réponse pleine de charme à cette nouvelle quête de distinction. D’où la naissance de l’Ondine, présentée en 1961 comme la déclinaison plus élégante et aboutie de la mythique Dauphine.

L’approche fut subtile, mais efficace. Plutôt que de bouleverser une recette qui fonctionnait — la Dauphine trustant encore les ventes —, Renault décide de miser sur le raffinement intérieur et des améliorations techniques ciblées. La carrosserie, signée Ghia, déjà plébiscitée sur la Dauphine, est habilement valorisée par de nouvelles teintes métallisées et des éléments de chrome subtilement disposés. Un logo « Ondine » vient trôner fièrement à l’arrière, attestant de l’appartenance à une gamme supérieure et glissant un soupçon d’exclusivité.

Éléments distinctifs du design de l’Ondine

• 🌟 Nouvelle planche de bord noir mat : un véritable vent de modernité dans l’habitacle
• 🌟 Moquette épaisse : synonyme de confort, elle s’invite sous les pieds des passagers
• 🌟 Volant inspiré de la Floride : offrant une prise en main plus agréable et un style raffiné
• 🌟 Butoirs en caoutchouc : présentes à l’arrière pour mieux protéger la carrosserie
• 🌟 Barre chromée sur la jupe : clin d’œil argenté qui accentue la distinction visuelle

La stratégie de Renault ne s’arrête pas là ; elle vise spécifiquement une clientèle urbaine, souvent féminine, désireuse de se démarquer dans la jungle citadine. Ce positionnement original tranche avec l’austérité de la plupart des concurrentes de l’époque telles que Simca ou Panhard, qui privilégient encore la simplicité mécanique à la sophistication.

L’Ondine, avec sa ligne élégante et ses finitions inédites, joue la carte du chic. L’essor des équipements intérieurs — du lève-glace au tableau de bord harmonieux — illustre la volonté de Renault de répondre à une France qui s’émancipe. Peu de modèles, même parmi les premium français tels que la DS de Citroën ou certaines Peugeot, oseront s’aventurer sur ce terrain intermédiaire entre luxe abordable et robustesse populaire aussi tôt.

Pour comprendre l’importance du design de l’Ondine dans l’histoire de l’automobile hexagonale, il suffit de considérer le nombre, finalement restreint, d’exemplaires ayant circulé : à peine 66 000 unités entre 1961 et 1963, ce qui façonne leur cote de collection en 2025. Ce goût pour le détail, le chic discret, aura influencé de nombreux modèles ultérieurs, façonnant l’image du haut de gamme à la française, à mi-chemin entre la technicité d’une Matra et le raffinement d’une Alpine.

La section suivante révèle comment ces efforts de présentation se sont conjugués à un effort technique inédit pour l’époque.

Mécanique et Innovations Techniques Autoportées de l’Ondine

Sous ses airs sages, la Renault Ondine opère quelques percées notables sur le plan technique. Héritée de la plate-forme de la Dauphine, elle adopte le moteur quatre cylindres 845 cm³ placé en porte-à-faux arrière, un choix mécanique alors bien ancré chez Renault mais rarement adopté ailleurs en Europe à l’époque. Cette configuration, déjà éprouvée sur la Renault 4CV et ses dérivés, reste le cœur battant de l’Ondine, avec une petite révolution : la boîte de vitesses à quatre rapports, enfin montée en série.

Ce détail n’a rien d’anodin, surtout lorsqu’on compare aux standards du début des années 1960. Chez Peugeot, Simca ou Citroën, on réserve souvent la quatrième vitesse aux versions les plus huppées, voire aux options. La présence de cette boîte sur la version de base illustre la volonté de Renault d’offrir, même dans la petite berline, plus de dynamisme et de confort sur autoroute.

Comparatif technique avec la concurrence

• 🔧 Boîte à quatre vitesses : standard sur Ondine, option ailleurs
• 🔧 Lave-glace intégré : innovation rare en catégorie populaire
• 🔧 Moteur Gordini : version préparée pour sportivité
• 🔧 Suspension souple : confort supérieur à la Simca Aronde

Le chapitre Gordini est particulièrement savoureux. Sous cette mythique griffe, l’Ondine reçoit une préparation spéciale. Le moteur atteint alors les 40 chevaux — contre 31 pour la version classique —, propulsant la petite berline à 130 km/h. Un chiffre loin d’être négligeable alors que la plupart des « populaires » peinent à franchir les 110-115 km/h, à l’image de la Peugeot 203 ou de certains modèles Panhard. Ce gain de puissance attire instantanément une clientèle plus jeune et enthousiaste, surtout à une époque où la passion automobile anime les rassemblements du dimanche.

Bien qu’elle ne soit pas la plus puissante de sa catégorie, la Renault Ondine Gordini fait mieux que se défendre. Son faible poids, couplé à une suspension agréable et à une direction agile, en fait une compagne urbaine idéale, mais aussi une prétendante sérieuse pour les escapades sur route. Cette agilité la rapproche du dynamisme d’une Alpine A110, même si la comparaison se limite au feeling plutôt qu’à la performance pure.

Le niveau d’équipement et d’innovation de l’Ondine en positionne la version Gordini comme une pionnière accessible de la démocratisation sportive, longtemps imitée et rarement égalée.

L’évolution technologique de l’Ondine se conjugue avec un quotidien facilité pour son utilisateur, ce qui permet à Renault de marquer des points précieux face à Simca, Peugeot et Citroën. Ce progrès se dévoile encore davantage à travers le vécu des propriétaires de l’époque, raconté dans la section suivante.

L’Ondine au Quotidien : Témoignages, Praticité et Équipements Inédits

L’expérience de possession d’une Renault Ondine allait bien au-delà du simple plaisir esthétique ou des performances routières. Dans les années 60, le quotidien de l’automobiliste est en pleine mutation : on rêve désormais de confort, de commodité et de sécurité. Renault répond à cette demande par une série d’innovations de détail, souvent jugées anecdotiques à leur sortie, mais rapidement indispensables pour les utilisateurs.

• 🔑 Dossiers de sièges inclinables : une première sur le segment, assurant confort et modularité
• 🔑 Lave-glace intégré : élément rare, très apprécié des jeunes mères de famille
• 🔑 Moquette épaisse : isole du bruit et des vibrations, un plus face à la concurrence
• 🔑 Banquette arrière confortable : meilleur accueil pour les longs trajets en famille

Les témoignages recueillis dans les réunions d’anciens propriétaires mettent en lumière le sentiment de distinction que procurait l’Ondine. Madame Morel, enseignante à Lyon dans les années 60, se souvenait ainsi : « Les mères de famille lorgnaient sur ma voiture, car le lave-glace intégré et la moquette douillette étaient des sources d’étonnement — presque de jalousie — dans la cour de l’école ».

L’Ondine se distinguait donc sur le plan pratique, mais aussi sur celui de la convivialité. Outre la transmission mécanique (évoquée précédemment), Renault s’était appliqué à adoucir l’expérience sonore et vibratoire dans l’habitacle. Ce raffinement n’était pas courant chez les petits constructeurs comme Matra ou Talbot, généralement plus focalisés sur le caractère affirmé de leurs modèles sportifs.

Au volant, le plaisir de conduite se conjugue avec la fierté d’exposer des équipements peu communs — un lave-glace, des sièges modulables —, posant l’Ondine comme la petite bourgeoise des cités françaises. Cette réputation de confort et d’innovation renforce l’attachement de ses utilisateurs, marquant les esprits durablement.

La rareté croissante et l’engouement pour cette berline élégante apportent progressivement une nouvelle dimension : la collection. Ce phénomène prend toute son ampleur à l’aube du XXIe siècle, comme le détaille la section suivante.

La Renault Ondine : Une Pièce de Collection Toujours Plus Prisée

Aujourd’hui, la Renault Ondine fait figure de perle rare dans les salons de véhicules anciens. Son faible volume de production — à peine 66 000 exemplaires en deux ans — amplifie sa rareté et, du même coup, la flambée de sa valeur auprès des aficionados et des nostalgiques. 2025 voit ainsi se multiplier les rassemblements où l’on retrouve l’Ondine aux côtés de vieilles gloires comme la Citroën DS, l’Alpine A110, des modèles Matra Sports, des Simca 1000 Rallye ou même quelques Panhard Dyna.

• 🧑‍🔧 Faible production : seulement 66 000 unités de 1961 à 1963
• 🧑‍🔧 Version Gordini convoitée : performances, look distinctif et rareté
• 🧑‍🔧 Intérêt pour l’état d’origine : moquette, volant spécifique et équipements conservés
• 🧑‍🔧 Cotations en hausse : touche désormais des seuils inédits en 2025

Le châssis T1090A, exclusif à l’Ondine, est surveillé de près par les puristes. Les collectionneurs notent avec passion les dissonances d’origine : moquette reconstituée, teinte inédite sur certains modèles export, logo restauré ou manquant… autant d’indices qui font balancer la cote d’un exemplaire à l’autre. L’Ondine Gordini, pour sa part, dépasse toutes les prédictions : un exemplaire en état concours frôle parfois des sommets.

La présence de l’Ondine dans les grands meetings annuels — de Paris à Avignon en passant par Lyon — témoigne de cet engouement. Certains passionnés, tels que le club des anciennes Renault, célèbrent la spécificité de l’Ondine par des circuits dédiés, où se côtoient collectors DS, Alpine, et autres Talbot historiques. Signe des temps, les restaurations se font désormais dans les règles de l’art, alliant savoir-faire traditionnel et technologies modernes.

Au fil des décennies, ce phénomène rebat les cartes du marché ancien : la Renault Ondine s’impose comme un investissement patrimonial, au même titre que certaines versions iconiques de la Dauphine ou de l’Alpine A110.

Enfin, sa postérité et son héritage auprès des générations successives soulèvent des questions essentielles sur la pérennité et la transmission de cet esprit si particulier. L’analyse suivante éclaire ce précieux héritage.

Héritage, Culture Populaire et Influence de l’Ondine dans l’Automobile Française

Bien que brève, la carrière de la Renault Ondine laisse une empreinte inaltérable dans l’univers automobile hexagonal. L’Ondine ne fut jamais simplement une variante « deluxe » de la Dauphine, mais une pionnière qui a redéfini les attentes vis-à-vis de la petite berline abordable et élégante. Son style, ses innovations, son ciblage féminin et urbain dessinent un archétype réactualisé par de nombreux modèles apparus par la suite, qu’ils soient signés Citroën, Peugeot ou les plus confidentiels Panhard et Talbot.

• 🎬 Icône dans la publicité : apparition dans des campagnes télévisées au début des années 60
• 🎬 Sujet de collection : star de salons de véhicules anciens
• 🎬 Modèle de design : inspiration revendiquée pour la Renault 8, la Floride, ou même l’Alpine A110
• 🎬 Symbole de la féminisation de l’auto : a inspiré le marketing moderne

L’influence culturelle est manifeste : des films d’époque jusqu’aux expositions muséales, l’Ondine incarne l’élégance sobre des sixties. La presse spécialisée — à l’image de Losange Magazine — consacre régulièrement des numéros à ce modèle rare, tandis que son design signé Ghia est analysé comme un jalon créatif ayant posé les bases de l’élégance accessible. On retrouve la patte de l’Ondine jusque dans certains concepts modernes, où l’association entre confort, compacité et raffinement reste prisée.

Le sillage de l’Ondine peut aussi se tracer dans les clubs d’anciennes, où son entretien devient l’affaire de passionnés, bien souvent issus de la filière mécanique ou nostalgiques d’une époque plus simple. Pour eux, la berline à la moquette épaisse est un concentré d’ingéniosité, de convivialité et d’émotion pure.

Ainsi, de « Cendrillon de la Régie » à joyau patrimonial, la Renault Ondine conserve sa place à part au panthéon de l’automobile française, entre les phénomènes de la DS, la praticité de la Simca, et la rareté poétique d’une Panhard ou d’une Alpine d’époque.

Quelle est la différence principale entre la Renault Ondine et la Dauphine ?

La Renault Ondine se distingue avant tout par une finition intérieure et des équipements supérieurs : moquette épaisse, planche de bord mat, sièges inclinables, lave-glace et une boîte à 4 vitesses de série. Esthétiquement, elle bénéficie aussi d’une présentation plus chic avec des éléments chromés et un logo spécifique Ondine.

Pourquoi la Renault Ondine est-elle recherchée par les collectionneurs ?

Son faible volume de production (seulement 66 000 unités), ses versions spéciales comme la Gordini et la qualité de ses équipements en font une voiture rare et désirable en 2025. La cote de l’Ondine est en hausse, surtout pour les exemplaires avec équipements d’origine.

L’Ondine Gordini était-elle vraiment sportive ?

La version Gordini, forte de 40 chevaux, apportait un surcroît de puissance non négligeable pour l’époque et permettait d’atteindre 130 km/h, ce qui la plaçait en tête des petites berlines populaires sportives françaises du début des années 60.

Quels concurrents affrontait la Renault Ondine à sa sortie ?

La Renault Ondine concurrençait alors directement la Simca Aronde, la Peugeot 403, la Citroën Ami 6 et dans une moindre mesure des modèles confidentiels comme la Panhard PL 17. Sur l’aspect sportif, ses variantes Gordini la rapprochent aussi des productions Alpine et Matra à venir.

Qu’est-ce qui a inspiré le nom « Ondine » chez Renault ?

Le nom Ondine évoque la féminité, la grâce et l’univers aquatique, en cohérence avec le positionnement urbain et élégant voulu par Renault pour ce modèle. Il s’inscrit aussi dans une tradition de noms poétiques chez le constructeur à cette époque.

Thomas Berger

Pour thomas, chaque véhicule vintage est une œuvre d’art roulante. Il capture l’âme des carrosseries dans ses clichés, et ses textes sont une extension de son objectif : visuels, sensibles, presque poétiques, ils donnent vie aux chromes et aux cuirs patinés.