Restauration
Peugeot 204 : histoire, caractéristiques et raisons de son succès
Au cœur des années 60, une période marquée par l’insouciance des yéyés et une croissance économique florissante, le paysage automobile français s’apprête à vivre une mutation profonde. Jusqu’alors perçue comme une marque au traditionalisme inébranlable, la maison de Sochaux surprend son monde en dévoilant un véhicule qui rompt avec tous ses codes établis. La Peugeot 204 ne se contente pas d’être une nouvelle référence au catalogue ; elle incarne une révolution technique et culturelle. Abandonnant la propulsion pour la traction avant, elle adopte une architecture audacieuse qui séduira massivement les conducteurs de l’Hexagone, s’imposant comme la voiture la plus vendue en France entre 1969 et 1971.
Genèse d’une révolution : le projet D12 et l’audace sochalienne
Au début de la décennie 1960, la firme au Lion jouit d’une image de sérieux, bâtie sur des berlines robustes mais classiques comme la 403. Cependant, les dirigeants comprennent que le vent tourne. Une nouvelle classe moyenne émerge, urbaine et dynamique, réclamant des véhicules plus compacts, vifs et économiques. Pour contrer l’offensive de la concurrence, notamment celle de la Régie Renault et de Simca, le bureau d’études lance le projet interne « D12 ». L’objectif est clair : investir le segment des 6 CV fiscaux avec une proposition radicalement moderne.
Le 23 avril 1965, le voile se lève au Palais des Sports de Paris. Le public découvre une ligne fluide et équilibrée, fruit de la collaboration entre le maître carrossier Pininfarina et le style interne dirigé par Paul Bouvot. Avec son capot plongeant, sa surface vitrée généreuse et son allure tricorps, elle affiche une élégance intemporelle. C’est le début d’une saga qui marquera durablement l’histoire des modèles anciennes Peugeot, pavant la voie à une modernisation sans précédent de la gamme.
Une architecture mécanique en rupture avec la tradition
Ce qui frappe le plus les observateurs de l’époque, et continue de fasciner les mécaniciens d’aujourd’hui, c’est la fiche technique de la sochalienne. Pour la première fois sur une berline de la marque, les ingénieurs optent pour la traction avant. Mais l’innovation ne s’arrête pas là. Le moteur est disposé transversalement à l’avant, une solution technique d’avant-garde permettant d’optimiser l’espace habitable.
Sous le capot, on trouve un bloc en alliage léger de 1130 cm³ à arbre à cames en tête. Une particularité technique ravit les amateurs de mécanique singulière : la boîte de vitesses est logée directement sous le moteur, partageant le même carter d’huile. Cette conception compacte, inspirée des travaux d’Alec Issigonis sur la Mini, libère un espace considérable. De plus, la voiture bénéficie de quatre roues indépendantes et de freins à disque à l’avant, offrant un comportement routier et une sécurité active bien supérieurs aux standards de l’époque.

La diversité de la gamme : une carrosserie pour chaque usage
Le succès fulgurant de la 204 s’explique aussi par l’intelligence de son déploiement commercial. Rapidement, la berline ne reste pas seule. Dès 1966, une version break vient compléter l’offre. Plus longue de 20 cm, elle offre un volume de chargement précieux pour les artisans et les familles nombreuses. Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur cette déclinaison spécifique, l’article dédié à la Peugeot 204 break et son histoire détaille ses atouts pratiques.
Pour séduire une clientèle plus jeune et féminine, ou simplement les amateurs de belles lignes, Peugeot lance également un superbe cabriolet 2 places et un coupé 2+2 (hayon). Ces versions, bien que reprenant la mécanique de la berline, affichent un charme fou et une finition soignée. Une fourgonnette viendra clore la gamme en 1967. Cette stratégie de diversification permet à la marque de couvrir l’ensemble des besoins du marché, une méthode qui inspirera plus tard la descendance, notamment visible lorsque l’on observe la Peugeot 104 Coupé ZS quelques années plus tard.
L’innovation Diesel : un pari osé
En 1968, Peugeot réalise un nouveau coup de maître en proposant le plus petit moteur Diesel au monde sur une voiture de série. Ce bloc de 1255 cm³ développant 40 chevaux est une prouesse de miniaturisation pour l’époque. Bien que bruyant et peu performant selon nos critères de 2025, il offrait une économie de carburant imbattable, séduisant les gros rouleurs et les taxis de province.
Caractéristiques techniques et chiffres clés 📊
Voici un aperçu des spécificités qui ont fait de cette auto une référence de son temps. Ces données illustrent l’équilibre recherché entre performance et économie.
| Caractéristique | Détails techniques |
|---|---|
| Architecture Moteur 🔧 | 4 cylindres en ligne, transversal avant, alliage léger |
| Cylindrée (Essence) | 1 130 cm³ (53 à 55 ch DIN) |
| Transmission | Traction avant, boîte 4 vitesses sous le moteur |
| Suspension 🚗 | 4 roues indépendantes (Pseudo McPherson avant, bras tirés arrière) |
| Freinage | Disques à l’avant, tambours à l’arrière |
| Poids à vide | Environ 850 kg (selon versions) |
Ces choix techniques ont permis à la 204 de proposer une tenue de route saine et un confort de suspension moelleux, typique des françaises de cette période. Elle tenait la dragée haute à ses rivales et offrait une polyvalence rare, capable de briller aussi bien en ville que sur les nationales.
Acheter et entretenir une Peugeot 204 en 2025
Aujourd’hui, collectionner ce modèle est un choix éclairé pour entrer dans l’univers du véhicule ancien sans se ruiner. Avec plus de 1,6 million d’exemplaires produits jusqu’en 1976, l’offre reste présente sur le marché de l’occasion. Cependant, l’expertise mécanique impose quelques points de vigilance. Le principal ennemi de cette lionne est la corrosion. Les planchers, les bas de caisse et les points d’ancrage des amortisseurs arrière doivent être inspectés minutieusement. Une belle peinture cache parfois une structure en dentelle.
Sur le plan mécanique, le moteur est robuste s’il a été respecté. Le circuit de refroidissement est son talon d’Achille : la courroie de ventilateur, avec ses renvois complexes pour passer du moteur transversal au ventilateur longitudinal, demande un réglage précis. L’utilisation d’un liquide de refroidissement de qualité est impérative pour préserver le bloc en alliage de l’électrolyse interne. Pour circuler sereinement, n’oubliez pas de vous conformer aux réglementations actuelles, comme l’obtention d’une vignette FFVE pour voitures anciennes, facilitant l’accès à certaines zones urbaines.
Check-list avant l’achat d’une « Youngtimer » des années 60 :
- 🕵️♂️ Rouille perforante : Vérifier les passages de roues et les berceaux avant/arrière.
- ⚙️ Hydraulique d’embrayage : Le récepteur et l’émetteur sont souvent à remplacer après une longue immobilisation.
- 🌡️ Chauffe moteur : S’assurer que le ventilateur débrayable s’enclenche correctement.
- 🛋️ Sellerie : Les tissus d’origine sont fragiles et difficiles à retrouver à l’identique.
En termes de valeur, si la berline reste très abordable, les versions coupés et surtout cabriolets voient leur cote grimper. Elles incarnent le chic à la française et sont très prisées, un phénomène que l’on observe aussi pour d’autres élégantes comme la Peugeot 504 Coupé qui séduit toujours en 2025. C’est le moment idéal pour acquérir un morceau du patrimoine industriel français avant que les prix ne s’envolent davantage.
Enfin, pour ceux qui envisagent de restaurer un modèle, la disponibilité des pièces est correcte grâce aux clubs dynamiques et aux refabrications. C’est une auto gratifiante à remettre en route, offrant des sensations de conduite pures, légères et communicatives, loin des standards aseptisés modernes.
Pourquoi le moteur de la 204 a-t-il une position particulière ?
Le moteur est placé transversalement pour gagner de la place dans l’habitacle. La boîte de vitesses est située juste en dessous, dans le carter d’huile, ce qui rend l’ensemble motopropulseur très compact, une architecture novatrice pour Peugeot à l’époque.
Quelle est la consommation moyenne d’une Peugeot 204 ?
Pour une version essence bien réglée, la consommation tourne autour de 8 à 9 litres aux 100 km en usage mixte. Les versions Diesel sont beaucoup plus sobres, descendant souvent sous les 7 litres, mais avec des performances nettement plus limitées.
La Peugeot 204 peut-elle rouler au sans-plomb ?
Comme la plupart des moteurs de cette génération avec une culasse en alliage, il est recommandé d’utiliser un additif substitut de plomb à chaque plein, ou de faire adapter les sièges de soupapes par un rectifieur pour rouler au SP98 en toute sécurité.
Quelles sont les cotes actuelles pour une 204 ?
En 2025, une berline en bon état se négocie entre 3 000 et 6 000 €. Les cabriolets, beaucoup plus recherchés, peuvent dépasser les 15 000 € voire 20 000 € pour un exemplaire en état concours.
Théo adore expliquer simplement des choses compliquées. Quand il ne retape pas une Golf GTI, il écrit pour transmettre ses astuces avec clarté. Il aime faire comprendre le « pourquoi du comment », sans jargon, avec passion et précision.
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